Depuis Août 2018, Maroon vous propose des Spices de qualité réalisés en respectant un savoir-faire vieux de plusieurs siècles. Nous avons décidé de rendre hommage à la riche histoire de rhum mêlant sang, sueur et souffrance. Nous vous invitons à (re)découvrir ces étapes clés qui font partie de l’histoire et de l’essence du Caribbean Spice. Grâce à cette série documentaire, nous retracerons l’histoire du rhum et ses origines.
ARTICLE 1 : L’origine de la canne à sucre
La canne à sucre est une Graminée ( ou Poacée) que l’on cultive essentiellement en milieu tropical et subtropical. Elle trouverait ses origines en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Cette herbacée pouvant mesurée jusqu’à 6 mètres de haut pour 2 à 4 centimètres de diamètre appartient au genre Saccharum. Aujourd’hui les espèces cultivées sont principalement issues du croisement de différentes espèces de ces plantes, initiés dès 1880, telle que : Saccharum officinarum, Saccharum robustum …
Les très nombreuses variétés de cannes à sucre se distinguent par leurs qualités agricoles et leur richesse en sucre.
Cette herbe géante tropicale est cultivée pour ses tiges. Elles ont la particularité de stocker un sucre cristallisable aussi appelé le saccharose. Elle peut en contenir jusqu’à 16% par tige, dont 96% pouvant être extrait grâce au divers processus industriels.
Aujourd’hui, les experts s’accordent à dire que c’est en Inde que commence réellement l’histoire du sucre. Effectivement, la fabrication du sucre et de liqueurs alcoolisées à base du jus de canne y aurait vu le jour il y a plus de 5000 ans.
Au troisième siècle av. J.-C. les marchands indiens et perses font connaitre la canne à sucre sur les rivages de la Méditerranée orientale, en Arabie et en Égypte. Mais c’est suite aux campagnes de colonisation de l’Amérique que cette plante considérée comme divine commence à être cultiver dans la Caraïbe.
ARTICLE 2 : L’implantation de la Canne à Sucre dans la Caraïbe
Lors de son second voyage vers le « Nouveau Monde » en 1493, Christophe Colomb importe la canne à sucre et décide de la cultiver sur l’île d’Hispaniola. Dès lors, la cultivation de la canne se développera au sein de la Caraïbe et des Antilles en concomitance avec le déploiement des colons au sein du bassin Caribéen.
Sa culture se développe à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle.
Le sucre est à l’époque un produit rare, ayant une valeur élever. Cela permit un enrichissement rapide des pays producteurs.
La rareté du sucre à cette époque s’explique par une pénurie qui sera à l’origine d’une inflation mondiale des cours. En effet, les Hollandais et les Portugais sont alors en pleine guerre pour annexer une partie du Brésil connue aujourd’hui sous le nom de Pernambouc. Au cours de ce conflit, les Hollandais brûleront de nombreux moulins servant à produire du sucre.
Profitant de cette circonstance, le gouverneur de la Barbade, Henry Hawley édicte un décret en 1636 sur l’esclavage à vie. C’est ici le point de départ de l’autorisation de la traite négrière et amérindienne. Il sera alors imité par l’ensemble des nations colonisant l’Amérique. En France, Louis XIII officialise la Traite Négrière en 1642
Elle contribue à la mise en place d’une organisation socio-économique, la « Société d’Habitation ». On observe alors l’intensification de la traite négrière. De plus en plus d’esclaves sont arrachés de leur terre natale, l’Afrique, pour offrir de la main d’œuvre dans les champs de canne à sucre. La mise en place d’un système logistique meurtrier verra le jour : le Commerce Triangulaire.
Ce système de plantation sucrière esclavagiste se généralise afin de répondre à la demande de plus en plus importante en sucre de canne de l’Europe.
Article 3: Le Sucre et le bouleversement de la société :
Durant près de trois siècles, le Commerce Triangulaire, aussi appelé traite négrière, va ravager le continent africain.
On déplore la capture d’environ 22 millions d’Africains durant cette période.
Près de 5 millions d’entre eux sont morts avant même d’arriver sur le continent américain, à bord des tristement célèbres navires négriers .
Le voyage durait plusieurs mois et s’effectuait dans des conditions sanitaires abominables et inhumaines. Aussi connu sous le nom de Traite Atlantique, le commerce triangulaire marque le début de la colonisation. Elle va changer la face du monde.
Aussitôt arriver en Amérique, les survivants étaient vendus comme marchandise, et devenaient la propriété du « maitre ».
L’habitation sucrière dispose de trois espaces principaux :
- les champs de plantations de la canne
- les moulins
- la sucrerie
Cet ensemble formait un village autonome où les quartiers des esclaves étaient surplombés par les grandes demeures des planteurs.
Différentes tâches étaient attribuées aux esclaves en fonction de leurs aptitudes supposées. Le travail aux champs est désigné comme l’une des plus pénibles d’entre elles. Il était géré par des contremaîtres sous la menace des fouets. Une fois la récolte effectuée, elle était acheminée par des animaux de trait vers les moulins. Ils servaient au broyage afin d’extraire le jus de canne. C’est grâce au sirop obtenu via un procédé d’évaporation que les premiers cristaux de sucre faisaient leur apparition.
Les « esclaves des champs » avaient des journée répétitives. Elles commençaient dès l’aube et se terminaient au coucher du soleil. Celles-ci se résumaient à :
-bêcher
-sarcler
-couper
-amarrer
-porter
Les esclaves sur les plantations étant soumis à des conditions de vie inhumaines (châtiments physique, malnutrition. Pas la peine de dire à l’oral l’écrit suffit.), leur espérances de vie ne dépassait que très rarement 5 ans.
Ce quotidien difficile ne fera que renforcer leur envie de liberté et d’évasion. Cela se concrétisera lorsque nombre d’esclaves trouvèrent le courage de fuir les champs. Il leur sera alors attribué un nom issu de l’espagnol « Cimarrón » désignant initialement des animaux domestiques retournant à l’état sauvage. Ainsi, le terme « Neg mawon » fait son apparition afin de désigner les esclaves fugitifs. Ils constituent alors une escouade d’hommes et de femmes se réfugiant dans les montagnes ou les forêts afin de fuir l’oppression de la société esclavagiste. Ils n’hésitaient pas à incendier les plantations voire tuer des colons, particulièrement lorsque l’un des leurs était en danger. Nombreux sont les « Marrons » qui s’employaient afin de libérer d’autres esclaves qui étaient encore sous le joug des maitres dans les plantations.
Les Marrons ou « Maroon » (en anglais) sont présents dans toutes les colonies qui ont été victimes de cette société esclavagiste.
Ils n’auront de cesse de tenter d’échapper à leur condition d’esclave et ce jusqu’à l’abolition de l’esclavage sur les différents territoires de la Caraïbe entre la fin du XVIIIe et la moitié du XIXe siècle.
Article 4: La Société post-esclavagiste
Suite à ces abolitions à travers la Caraïbe, la grande majorité des esclaves d’hier désertèrent les plantations.
Les maitres d’hier eurent beaucoup de mal à trouver de la main-d’œuvre à bas coût leur permettant de continuer à faire du profit. À cela vient s’ajouter le sucre de betterave qui connait un succès grandissant à travers le « Vieux Continent ». Cette nouvelle industrie attire de plus en plus les investisseurs au détriment du sucre de canne qui devient alors un investissement bien plus risqué.
C’est dans ce contexte que de la main d’œuvre sera recherchée avec la promesse d’une vie meilleure et d’un salaire. C’est de nouveau en Afrique que ces travailleurs seront trouvés dans un premier temps. Mais cette pratique sera vite avortée car désignée comme étant une traite déguisée par l’opinion publique et par une société se décrivant comme beaucoup plus humaniste.
Une nouvelle stratégie est alors mise en place. Celle-ci consiste à faire venir de la main-d’œuvre d’autres horizons. Ainsi, près d’un demi-million de travailleurs sont importés d’Asie et notamment d’Inde afin de remplacer les esclaves devenus libres. En Guadeloupe par exemple, on observe l’arrivée de nombreux indiens par bateau entre 1854 et 1888.
Ces derniers sont souvent éblouis par les promesses des agents de recrutement en Inde qui assurent la facilité du mode de vie et la chance de prendre un nouveau départ motivé par: le climat, l’argent, la liberté ou l’anonymat pour certains. Cependant, la vérité est toute autre. Une fois embarqués, ils découvrent le dur labeur les attendant, la durée interminable du périple et la difficile acclimatation aux mœurs et langues locales, et parfois même leur destination exacte.
Cette exode prendra fin avec entre autre la chute de la demande en sucre de canne au profit du sucre de betterave et les innovations technologiques. En 1900, la moitié des usines caribéennes tournent à la vapeur. Tout moderniser devient une priorité. Les chances de retour étant minces, du fait de la fin de cette politique d’immigration, les indiens durent trouver leur place sur ces territoires. En Guadeloupe, en 1923 des suites d’une longue bataille judiciaire menée par Maitre Henry Sidambarom, les indiens obtinrent la nationalité française.
Article 5: La réappropriation du rhum
Le rhum possède une histoire riche et pluricentenaire. Là encore, la matière première nécessaire à sa réalisation est la canne à sucre.
C’est donc à partir de cette plante qu’est élaboré ce fameux spiritueux. D’abord connu sous différents noms, « kill-devil » ou « rumbillion » par les Anglais, « guildive » par les Français ou encore « cachaça » par les Portugais, le rhum était un alcool peu raffiné et violent. Produit à partir de mélasses, il était chargé d’impuretés et faisait l’objet d’une distillation plutôt grossière. De ce fait à cette époque, le rhum n’était pas consommé par les élites de la société mais plutôt par les classes les plus pauvres (notamment les pirates, les marins…) et les esclaves, qui l’appelaient « Taffia » dans les colonies françaises.
En raison de la chute de la rentabilité de la production de sucre aux Antilles, les sucreries se transforment au fil du temps en distilleries. On commence alors à produire du rhum directement à partir du jus de la canne. Nous assistons ici à la création du rhum agricole. De fil en aiguille, notamment avec la mode des punchs, nous arrivons à la popularisation du rhum au 20ème siècle. Néanmois, c’est véritablement au 21ème siècle que le rhum se fait une place de choix parmi les spiritueux les plus populaires. Et ce plus particulièrement en France, où on observe un succès inédit.
De nos jours, le rhum dit de mélasse ou industriel est fabriqué partout dans le Monde alors que le rhum agricole est principalement produit dans les Antilles Françaises. Toutefois, amateurs et professionnels du domaine s’accordent mondialement pour dire que cette exception française est qualitativement supérieure.
Les Spices:
L’univers des rhums est vaste, il en existe également des variantes aromatisées dont l’une des grandes familles est connue sous différents noms: Spiced rums, Rhum Spicy ou Spices.
Attention contrairement à certaines idées reçues, ces derniers ne sont pas nécessairement piquants. Les épices dominent, contrairement aux des rhums arrangés avant tout fruités.
Les spices se distinguent des black rums, qui sont volontairement obscurcis, ou rendus opaques à l’aide de mélasse ou de caramel. Aussi, les spiced rums sont une autre preuve d’une certaine décontraction des rhums. Ils répondent à des modes de consommation complémentaires, long drinks et cocktails, même si certains peuvent également s’apprécier purs. On a très tôt infusé ou macéré des herbes, racines, épices, fruits, etc, dans le rhum, notamment pour s’en servir comme remèdes. Ils sont ainsi au croisement des cultures, entre les cultures des anciennes puissances coloniales, cultures autochtones et africaines et goût de l’époque.
Aujourd’hui, les rhums occupent une place importante au sein de la culture des caribéens qui se sont appropriés ce spiritueux. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir les antillais se disputer le titre de meilleur rhum aussi bien par chauvinisme que par conviction.
Outro:
C’est en tenant compte de cette lourde histoire que la marque Maroon s’emploie à proposer des Spices de qualité. Nous avons ainsi pour objectif d’offrir au spice ses lettres de noblesses en lui faisant une place sur les grandes tables comme c’est déjà le cas pour les rhums agricoles.
Nous nous employons à proposer un produit authentique avec une image travaillée et respectueuse de la Caraïbe. Il nous parait donc essentiel de ne pas oublier l’histoire associée à l’industrie autour de la canne à sucre, mais au contraire d’en faire une force. C’est en partie cette envie qui explique le choix du nom de notre marque. Maroon est une hommage sincère à ces hommes et ces femmes qui se sont battus afin d’écrire leur propre histoire bien qu’en opposition avec les mœurs de l’époque. Chez Maroon, en tant qu’afro-descendants, nous voulons nous faire une place dans le milieu compétitif du rhum et des spiritueux. Notre but est d’amener au plus haut un produit encore peu connu du grand publique.
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